Les elfes reprennent les armes (pv Glorfindel)

"Halte !" fut la première parole que prononça l'un des gardes en faction à la porte d'Imladris. Les deux autres, derrière celui-ci, dont l'insigne montrait le grade équivalant à celui de lieutenant dans une armée humaine, portait un sabre elfique dans la main gauche, de telle façon qu'on devinait aisément un bretteur puissant, et sûrement renommé.

"Nommez-vous, tout comme vos compagnons" continua-t-il, d'une voix dure, mais non néanmoins dénuée de chaleur. Il avait en effet un elfe face à lui, un cavalier aux habits riches et colorés, non une de ces créatures dîtes du Mal, tels les orques et autres créatures de Mordor.
Le plus difficile, en tant que gardes, était en réalité de reconnaître les humains, car ceux-ci étaient pour le moins les plus imprévisibles. Beaucoup se trouvaient de leur côtés, combattant les armées de l'Est, mais justement, contrairement, ces armées étaient elles-mêmes constituées d'hommes, comme leurs alliés, aussi le pauvre lieutenant hésitait souvent lorsqu'un humai se présentait à sa porte. Mais il ne risquait rien avec un elfe.

"Mon nom est Miphys, répondit le cavalier du haut de sa superbe monture noire. Voici ma jeune soeur, Irinea, et son époux, général des mes armées, Anegell. Cela vous suffit-il, lieutenant ?"

Le cavalier elfe ne pouvait plus détacher ses yeux des galons qui désignait le haut grade du garde. Il était surpris, effrayé peut-être, que l'on dut placer des hommes aussi hautement placés dans l'armée aux portes. Qui donc dirige alors les armées ? Ne sont-elles laissées qu'aux officiers supérieurs qui, bien qu'excellents en stratégie, n'y connaissent rien en combat de terrain ?! Il avait bien fait de venir si tôt.

"Excusez, messire, mais j'ai plusieurs questions. Qui êtes-vous donc pour avoir à vos ordres un général des armées, et que venez-vous faire en notre cité ?" repartit le soldat, bien persuadé à en savoir le plus possible sur cet inconnu qui avait l'allure d'un haut seigneur.

"Je ne vois pas l'utilité de vous avouer mes intentions en vos lieux, mais il est concevable que je vous dise qui je suis : on me dit Seigneur des Terres Occidentales, et l'on nomme ma cité Celle-Qui-Mène-Aux-Enfants, plus simplement dit : Valinor"

La dureté et la chaleur qui se mélangeaient dans le regard du soldat, comme nous l'avions dit alors, devint immédiatement honte et surprise. Il ne bégaya pas, et aussitôt ordonna qu'on laisse la place à Miphys, Seigneur de Mithlond et Maître des Havres Gris.

Un rayon de soleil pénétra la chambre seigneuriale, filtrant au travers des vitres d'été à papier froissé, faisant un effet d'éclairage jaune. Glorfindel aimait bien ce système de filtrage de la lumière, lequel était utilisé depuis qu'il avait remplacé le Seigneur Elrond en tant que dirigeant d'Imladris, sûrement la plus belle de toutes les autres villes elfes de par les Terres du Milieu, il y avait cent vingts an et quelques semaines précisément de cela.
Le Seigneur à l'armure d'argent s'en rappelait comme il se rappelait sa chevauchée de la veille en compagnie de son proche ami et commandant. Il se rappelait encore les larmes qui abondamment avaient coulées sur les joues de celle qu'on disait la plus belle, Arwen Undomiel, l'Etoile du Soir, femme du nouveau Roi Aragorn II, Roi Elessar.
La chose la plus étrange, pour lui, ce jour là, fut le moment où il sentit, lui aussi, une larme, une seule, unique, s'échapper de ses prunelles d'acier. Lui qui depuis plus de huit milles cinq cents ans foulait les Terres du Milieu, qui se croyait alors depuis longtemps incapable de pleurer à nouveau, comme nombre de fois il l'avait fait, jadis, tout comme ses frères d'antan, ceux qu'on nommait les Premiers-Nés. Cela l'avait réellement surpris et touché.
Et il s'en rappelait encore.

Aujourd'hui, c'est lui qui menait tout ce monde, tous ces habitants, toute cette cité qui était la sienne depuis nombres d'années... Mais à quoi bon se remémorer le passé ?? C'était, justement, passé ! Les elfes étaient-ils donc soumis à la souffrance de la nostalgie toute leur vie ?
Glorfindel secoua la tête comme pour se débarrasser d'une simple mouche, et redevint comme il l'avait toujours été devant ses nouveaux sujets : droit, fier, à l'air dur, même si ses rares proches connaissaient, en son for intérieur, bien caché, son penchant pour la clémence voire même la négligence. Telle était en réalité le véritable défaut de l'elfe.
Il avait toujours été trop éloigné des autres. Presque toujours seul, sans parler, si ce n'est, parfois, à lui-même, ce qui bien-sûr se colportait rapidement parmi ses sujets et... beaucoup se posait la question, en ce qui concernait ses relations intimes... Avait-il eut un amour dans sa vie, autrefois, il y a plusieurs centaines, milliers d'années ? Et qu'en était-il maintenant... ?
Beaucoup de personnes trouvait leur souverain étrange, et un malaise ressenti se développait en ville, contrairement aux régions alentours, où l'influence du Seigneur elfe n'était que minime.

Telle était plus ou moins les choses qui se disaient dans le Royaume de Rivendell en cette époque ou de nouveaux troubles s'annonçaient, venant de l'Est, du Sud, tout comme du Nord. Et Glorfindel n'y pensait qu'à moitié, alors qu'il refermait les yeux, assis sur son lit, qu'il avait déplacé sur le balcon pour la nuit.

« J'aime la douceur de la nuit et la luminosité des étoiles » avait-il dit pour se justifier devant les serviteurs qui, sans montrer aucune surprise, avaient déplacé le grand lit blanc à baldaquin.

Ce fut un simple « toc toc » qui le sortit de sa torpeur profonde. Ses souvenirs comme ses autres rêveries s'échappèrent d'un seul instant. Sa paire d'yeux bleus, glacés, presque argentés, plissèrent, clignèrent, se rouvrirent, et partirent un léger instant après les jambes, relevant quelque peu le regard. Tout entier, l'elfe se dirigea vers la porte de sa somptueuse chambre à coucher.

La monture sombre des trois elfes franchirent la porte avec une lenteur étrange, et le garde les vit passer pendant un long moment, qui aurait parut une éternité à un simple humain. Après cet instant paraissant un siècle, les trois cavaliers, magnifiques et suprêmes sur les bêtes non moins majestueuses, disparurent d'un coup à la vue de tous. Était-ce le fait de quelques magie de la part du Seigneur, ou bien de la femme ? Nul n'aurait put comprendre, mais nos trois compagnons avaient simplement traversé le temps.
Ils ne chevauchaient plus dans cette vieille cité plus connue aujourd'hui sous le nom de Fondcombe, où régnait l'Elfe à l'armure d'argent. Devant eux ne se trouvaient pas regards tristes et angoissés d'elfes vieux comme le monde, sentant tous bientôt leur fin arriver, mais des visages souriants, joyeux, fiers, courageux et combattants, vaniteux pour certains. Leur beauté dépassait toute chose en ce monde, de telle sorte que tous aimaient et été aimés de tout le monde, quelque soit leur sexe. Miphys reçu le coup de foudre de bien nombreuses fois en cet instant magique, et s'il avait put rejoindre le passé, il aurait déjà neuf amants et amantes.
Quelle chose bien étrange que de parler d'amants pour un des elfes, eux qui pourtant ont l'air si respectueux envers leurs compagnons et compagnes. Pour eux, une personne ai définie dès leur naissance par le Premier, et avec celle-ci ils se doivent de vivre. Mais bien entendu, on ne parle point d'amants ici en termes humains. Pour ces derniers, ce serait sacrilège, mais pour les elfes, ce mot, ce simple mot "amant", signifiait aussi bien ami que conjoint.

Mais revenons en notre temps.
Miphys, sa jeune, très jeune sœur et son compagnon, confondirent bientôt les bâtiments radieux d'Imladris, le Refuge, à ceux de Fondcombe, la dernière cité encore assez puissante pour contrer le retour de Morgoth. Les sourires imaginaires s'effacèrent d'un instant, et les yeux emplis de quelques perles de larmes s'y affichèrent, les remplaçants en un coupp de vent. Telle était la due réalité de leur époque : les elfes eux-mêmes pliaient, se détérioraient sous le Mal qui revenait, toujours plus puissant, mais désormais, de tout ceux qui avaient ramené la paix autrefois, ne restait que peu : Aranwë le Seigneur vagabond, que nul n'avait vu depuis des siècles, Nakor l'étrange magicien violet à l'allure hallucinaire, et le maître bien entendu de ces lieux légendaires : Glorfindel, Celui-Qui-Chevauchait-Ouvertement-Contre-Les-Neufs, le seul être en Terre du Milieu qui n'eut jamais peur d'eux et de leurs Maïtres.

*Sire, Glorfindel, mon ami, le temps est venu de lever à nouveau nos armes et les faire briller à la lueur déclinante du soleil ; ramenerons-nous le jour en nos terres, ensemble ?!*

Cette pensée s'envola dans le jour encore levant comme un éclair zèbre le ciel.

Le battant de la porte s'ouvrit avec une étrange lenteur, comme si Glorfindel pénétrait dans un rêve. Un rêve éveillé. Un courant d'air lui ébouriffa ses cheveux argentés avant de s'enfuir par la fenêtre, à l'autre bout de la pièce. Devant lui s'élève une montagne de muscles humains, dont ce qui lui sert de tête, s'il se rappelle bien, porte le nom d'Enrique, mais rien n'est moins sûr.

"Oui ?" demanda le seigneur elfe, d'une voix assurée, malgré la sensation désagréable qu'il ressent vivement dans son bas ventre.

Le garde humain, l'un des rôdeurs se cachant ici depuis plusieurs mois, baisse la tête vers l'elfe, et répond, si doucement que seul Glorfindel put l'entendre.

"On vous attend en bas, sire"

Sa voix était d'une douceur étonnante pour un tel monceau de muscles et de graisse mais l'elfe tenta de ne pas s'en formaliser.

"Qui cela ?" fut sa seconde question.

Mais ce n'est pas le garde qui répondit, ou du moins ce n'est pas sa réponse qui informa notre sire, car dans sa tête résonnait une voix.

*Sire, Glorfindel, mon ami, le temps est venu de lever à nouveau nos armes et les faire briller à la lueur déclinante du soleil ; ramènerons-nous le jour en nos terres, ensemble ?!*

Cette phrase résonna encore longtemps dans son esprit, et le rôdeur semblait s'impatienter ; contrairement aux elfe,s il ne le cachait pas Aussi Glorfindel hocha la tête rapidement et dit en faisant demi-tour.

"Faîtes monter"

[Fin du rp']

(j'aime laisser ça en plan, ça met du suspens Razz

)

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