Nul ne sait comment. Nul ne sait pourquoi. Certains s'accordent à dire que la protection des elfes suffit. D'autres que l'amour eut enfin raison de son mal.
Pour autant qu'on le sache, Gilas se réveilla à l'aube du 44ème jour de son long séjour en Lothlòrien avec le sentiment que la vie serait plus longue et plus belle que jamais. Ses grands yeux verts s'ouvrirent et se refermèrent presque aussitôt en réalisant toute la lumière qui pouvait habiter cette chambre humblement offerte par les souverains de la Lothlòrien. Au second essai, son regard se porta vers sa femme dont la longue chevelure d'or encadrait son visage d'ange endormi. Il voulut la caresser du bout de ses doigts quand il découvrit sous un pan des draps de soie, et non sans une grande surprise, que son bras droit n'était plus recouvert que par de maigres ramifications noirâtres qui remontaient jusqu'à son coude. La surprise ne s'arrêta pas là. Car ce n'est que lorsqu'il se leva avec discrétion du lit conjugal qu'il failli perdre l'équilibre en entrevoyant son vague reflet dans une vitre ... ses cheveux devenus noir de jais depuis la libération de étaient à cet instant aussi blonds qu'à ses premiers jours.
Lui qui n'en revenait pas, s'en retourna vers sa compagne qu'il réveilla aussi délicatement que possible malgré l'urgence de la situation. Quand les beaux yeux de sa moitié s'eurent enfin ouvert, Gilas lui murmura :
- Suis-je prisonnier d'un rêve mon amour ou d'un pâle espoir ?
Dans les yeux de celle dont il ne pouvait se passer, Gilas découvrit encore plus nettement son reflet. Il comprit que rien de tout ce qu'il venait de se produire n'appartenait au domaine de l'abstrait.
C'est avec une voix hésitante qu'il murmura ces quelques mots ; ses yeux légèrement écarquillés.
- ... le Mal ... il ... il s'en est allé ...